Burki ni-oui, burki ni-non

Plusieurs faits sont venus (malheureusement) étayer ce que je te disais l’autre jour à propos de la mise à mort de la laïcité (cf le précédent article). Passons rapidement sur le voyage effectué officiellement (et discrètement — ne gâchons pas les JO) par le président d’une république laïque chez un haut dignitaire religieux inquiet pour ses VRP : je n’ai pas eu le temps de renouveler mes insultes et une telle trahison mérite d’autres épithètes que ceux employés habituellement. Le fait réellement marquant de cette mise à mort en passe d’être réussie est cette hallucinante affaire de « burkini »

Soyons clair : je ne suis pas pour le port de ce vêtement que ce soit sur les plages ou dans n’importe quel autre lieu public. Mais je ne suis pas contre parce qu’il représente un symbole du fondamentalisme musulman. Je suis contre parce qu’il représente un symbole religieux et que je suis (en accord avec la laïcité qui régit ce pays) contre tout prosélytisme religieux dans l’espace public.

Aussi, l’interdiction du « burkini » sur les plages doit-elle aussi concerner les croix (pendentifs ou tatouages), les médailles de la vierge, les soutanes, les cornettes, les turbans sikhs, les papillottes et les kippas juives, etc.

La lutte contre le port du « burkini » est devenu (et pour certains à l’insu de leur plein gré) une lutte contre l’islam. Contre la visibilité de cette religion. Les plus politiciens te sortiront leur plus beau mensonge : La France et l’Europe sont de racines chrétiennes ! Faux. La France, comme l’Europe, sont de racines païennes. Le christianisme est venu s’y imposer assez difficilement depuis moins de deux mille ans et s’y est surtout frayé un chemin (merci Charlemagne !) à grands coups de haches et de massacres contre les infidèles comme le ferait aujourd’hui n’importe quel abruti sur une plage du nord de la Corse.

La seule réponse à toutes les dérives religieuses est la laïcité et nous avons déjà la chance, en France, de l’avoir à disposition.

Bordel, ne la laissez pas crever en déraisonnant et en faisant le jeu des cathos intégristes qui comptabilisent chaque coup de gueule contre le burkini ou le communautarisme musulman comme une volonté de retour à un état chrétien tout aussi communautariste et violent !

Il ne faut pas refuser le burkini parce qu’il est musulman mais parce qu’il est religieux. Ce n’est pas le nom de la religion qui compte, c’est le fait religieux dans son ensemble qu’il faut combattre lorsque celui-ci tente de s’imposer à tout le monde. Pour rappel, la laïcité n’interdit pas le fait religieux. Ce serait un autre communautarisme de le faire. La laïcité redéfinit simplement les règles d’occupation de l’espace public par les religions. Pour éviter tout prosélytisme. Bien sûr, cette laïcité n’est pas infaillible. Surtout à l’égard de l’église catholique. Et c’est ce qui donne aujourd’hui du grain à moudre aux « associations » pour la défense de la religion musulmane qui estiment (à juste raison) qu’il y a deux poids deux mesures.

La grande faute de la laïcité est (à mon sens) le maintien de l’autorisation pour toutes les religions de dispenser un enseignement religieux aux enfants notamment par le biais d’écoles religieuses qui n’oublient pas de se nommer  écoles privées  sauf (comme le font toutes les entreprises privées) lorsqu’il s’agit de recevoir des subsides et des agréments de la part d’un état honni mais soudainement affable et nourricier…

La plus efficace des luttes contre les radicalisations (de quelques religions qu’elles émanent) sera l’application stricte de la laïcité au sein d’une république enfin honnête (donc débarrassée des politiciens professionnels) qui aura le courage d’interdire purement et simplement l’accès d’une religion aux enfants (en dehors du cercle familial). Qui aura le courage d’enseigner avec impartialité le fait religieux dans ses écoles républicaines ouvertes à toutes et tous (enfants et adultes). Qui enfin, laissera à des citoyens adultes dûment éduqués le choix d’opter pour une vie laïque et républicaine (qui lui garantit le droit de croire en ce qu’il veut mais en privé) ou d’émigrer (seul et à ses frais) dans des pays de haine et de bêtise.

Sans république honnête pas de laïcité intelligente. Et sans laïcité intelligente… ben, tu n’as qu’à lire les journaux.

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