Le monstre des quais

Les quais de Paris ne sont plus guère fréquentés.

Il est vrai qu’avec cette histoire de « Monstre des quais » qui sature la Une de tous les journaux, le promeneur parisien se méfie. Seuls, quelques touristes non francophones et fraîchement débarqués se hasardent encore au plus près de la Seine. Ces trois jeunes cyclistes savent-ils qu’ils auraient pu économiser la moitié de leur voyage en ne prenant chacun qu’un aller simple ? Ce n’est pas leur jour de chance, à ces mômes…

Ces trois-là ne laisseront pas de traces. Ce n’est pas le moment de relancer les opérations de drague le long du fleuve et risquer à nouveau la fermeture totale des quais.

D’autant que la surveillance policière s’est un peu relâché depuis trois ou quatre jours. D’une part, les enquêteurs n’arrivent toujours pas à déterminer si l’assassin agit seul et surtout s’il rôde toujours : cinq semaines sans la moindre carcasse, là où chaque jour, pendant presque un mois, il en flottait de nouvelles, ça peut laisser perplexe…

Et puis pourquoi « assassin » ? Je tue pour manger, tout comme toi. D’autant que je ne tue pas toujours. La frayeur de me voir s’en occupe parfois bien avant que je ne pose la moindre patte sur mon repas du jour.

Aujourd’hui, je dispose de suffisamment de réserves et d’une planque insoupçonnable. Je vais donc me faire oublier quelque temps. Le temps que les journaux passent à autre chose. Le temps que Paris-Plage s’installe.

D’ici à ma prochaine fringale, les quais parisiens auront eu le temps de remplir leurs rayons transats de nouvelles potentielles victuailles victimes !

(à suivre ?)

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