Le huit mars candidat pour succéder au premier avril

Blague à part, cette journée guimauve, où tout à coup tout le monde se souvient que les femmes ont des droits, m’irrite particulièrement dans le sens où elle est totalement à contre-sens des efforts à fournir pour que soit enfin respectée la disparité et non la parité. La parité n’est pas une avancée sociale pour les femmes, c’est une régression pour tout le monde.

Le mot « parité » est aujourd’hui beaucoup employé : juridique, social, économie, informatique, quasiment tous les domaines d’activité ont une acception de ce mot. Ce qui ne le sert pas et en fait un mot d’autant plus vide de sens qu’on peut lui en donner plusieurs.

En 1345, au tout début de la Guerre de Cent ans donc — et sans rapport évident — la parité est définit comme : « égalité entre des êtres, des objets de même nature » alors qu’un peu plus tard, au XVIIIe siècle, on trouve : « état de ce qui est divisible par deux ».

Entre les deux, au XVIe siècle, le sieur de Montaigne, observant les hommes et les animaux, remarque avec justesse : Il nous fault remarquer la parité qui est entre nous : nous avons quelque moyenne intelligence de leur sens ; aussi ont les bestes du nostre.

Voilà où sont passées cinq siècles de combat pour l’égalité des droits : on se retrouve aujourd’hui, comme avant-hier, avec une parité qui n’est plus qu’une égalité strictement mathématique au détriment de ce que nous dit Montaigne pour qui la parité n’est pas le résultat d’une comparaison (égal ou différent) mais le résultat d’un échange.

Dans un monde où règne la diversité, où chaque être humain est unique, la parité n’a pas de sens. Rien n’est strictement divisible par deux excepté les nombres pairs qui ne sont que des abstractions mathématiques. Tu peux faire un test très simple : tu prends une pomme (ou un autre fruit comme une poire, un scoubidou ou une barrique de bière brune), tu la pèses, tu la coupes en deux et tu pèses chacune des deux moitiés.

Bien sûr, tu te dis que je joue sur les mots et que la parité entre hommes et femmes si imparfaite soit-elle, permet au moins à quelques-unes d’occuper des postes qu’elles n’auraient jamais obtenues sans cela. C’est totalement vrai pour les idiotes et les imbéciles. Notamment dans le monde politique. Qui comportait déjà, et au-delà du raisonnable, son comptant d’idiots et d’imbéciles. Et puis comment peut-on se satisfaire de quelques-unes quand toutes sont concernées ?

Poussons le raisonnement de la parité stricte un peu plus loin. Aujourd’hui, toute assemblée d’au moins deux personnes doit être composée d’un nombre égal d’hommes et de femmes. Donc, au total, d’un nombre forcément pair. L’assemblée nationale qui a voté cette loi compte d’ailleurs 577 membres… Au-delà du problème comptable, il y a aussi un problème de représentation. Après tout, les femmes ne représentent pas 50% de la population mais un peu plus. En toute logique de représentativité — puisqu’elle en est l’argument principal — la parité devrait plutôt s’orienter sur du 49%-51%. Et tenir compte des « minorités » qui se divisent elles aussi en hommes et femmes en proportions variables. Et au delà de l’intégration des minorités culturelles dans un système paritaire, il faudra par la suite tenir compte des personnes qui ne sont ni homme ni femme ou qui sont en cours de transformation de l’un vers l’autre ou de l’autre vers l’une. Et au final, ajuster cette représentativité en fonction des embonpoints, des handicaps moteurs ou psychologiques, des régimes alimentaires, des confessions, du degré d’instruction, des capacités manuelles, du nombre de langues parlées ou de la façon de faire durer ou non les préliminaires. Bon courage !

Cette Journée Internationale du Droit des Femmes (si j’en respecte ce qu’elle sous-tend, à savoir l’accès à l’égalité des droits pour toutes les femmes de la planète) n’est malheureusement qu’une farce cosmétique (sans jeu de mots… bon, ok, un peu quand même). Surtout dans un pays comme la France où cette égalité est de fait inscrite dans le préambule de la Constitution. Ici, le problème est simplement de faire respecter la loi. Donc de condamner tout manquement. D’appliquer strictement l’aspect paritaire (au sens montaignien) de la justice : un délit, une sanction.

Car c’est un délit d’obliger constamment les femmes et les filles à démontrer l’intentionnalité de chacun de leurs actes. De toujours avoir à prouver qu’elles sont capables, dignes, méritantes, efficaces. Ou pas. Mais peu importe puisqu’il en faut 50%. La parité a ses limites. Notamment celles qui consistent à refermer des portes pour cause de numerus clausus.

Voir aussi, sur ce même blog : Féminisme, poil au sexisme.

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