La folle du métro

Imagine cette histoire terrifiante : tu es chargée d’escorter une dizaine de gamins pendant une sortie scolaire et l’une des petites perd sa chaussure au moment de rentrer dans le métro qui donc se retrouve (la chaussure) sur la voie et donc sous le métro. Comment réagirais-tu ?

  1. tu signales la chose au chef de station pour qu’il récupère le godillot en fin de service, tu reviendras le chercher demain, bonne journée, merci et tu te démerdes pour trouver une nouvelle paire de croquenots pour la gosse, au pire en les achetant ;
  2. tu fais une dépression expresse, tu vires le conducteur et tu jettes le métro du haut du viaduc de Glacière ;
  3. tu tires le signal d’alarme…

N’importe qui d’à peu près sensé (toi, moi, d’autres) aurait pris l’option numéro 1. Un beau soleil sur Paris, en plein après-midi dans un quartier commerçant, en moins de dix minutes la gamine était rechaussée. Un co-pilote allemand aurait certainement hésité sur l’option numéro 2 mais un métro ne s’éconduit pas comme un Airbus. Cette conne a choisie l’option 3.

Elle est entrée dans la rame en murmurant presque, déjà dans un état quasi second, Valentine a perdu sa chaussure sur la voie tout en tendant son bras droit comme pour faire un salut lepénien et a tranquillement tiré vers le bas la manette qui immobilisera le métro pendant vingt bonnes minutes (toute ressemblance avec un vote lepénien qui tirerait un pays vers la bassesse pendant vingt ans serait une drôle de coïncidence).

Je ne crois pas avoir engueulé quelqu’un aussi puissamment depuis la fin du crétacé. Tout en me demandant comment on pouvait confier des mômes à des gens sans cerveau. Elle était déjà profondément enfoncé dans sa coquille et ma colère ne l’a pas vraiment atteinte. Pas immédiatement. Peut-être s’est-elle pendue depuis. Pardon, la corde. Je sais, je suis d’une humeur à aimer tout le monde sauf les cons, c’est-à-dire tout le monde. Le métro était loin d’être vide mais je fus bien sûr le seul imbécile à ouvrir ma gueule. Si bien que lorsque le métro est reparti, les deux personnes qui ont tenté de me dire qu’ils partageaient mon courroux sont prestement allées se faire foutre en descendant à la station suivante puisque c’est exactement ce que je leur conseillais de faire.

Si dans les jours qui suivent tu prends le métro, le bus, la poudre d’escampette ou tout autre moyen de transport, prend garde à ce qu’un sale type à l’humeur de chien (ou l’inverse) ne vienne aboyer leurs quatre cent quatre vérités aux voyageurs égoïstes et stupides qui se reproduisent non pas comme des petits pains mais comme des gros pépins !

Bon voyage néanmoins.

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