Vacuité

Relatif à ce qui est vide.

« Il ne s’agit point ici de rétrécissement et de raccourcissement opérés par un froncement des parties, qui en permettroit l’extension ordinaire, si, au lieu d’une vacuité maintenue, ces viscères venoient à être remplis ; mais il est question de rétrécissement et de raccourcissement réels, considérables, et tels que ces organes romproient plutôt que de céder. »
J.B. Lamarck, Philosophie zoologique, 1809

Bien qu’en étant une potentielle conséquence, « vacuité » n’est pas à confondre avec « va te cuiter ». Relatif à ce que je ne vais pas tarder à vider…

Préférant souvent descendre plutôt que monter, la plupart d’entre nous, après avoir été amenés à une certaine hauteur par des circonstances que nous persévérons à méconnaître ou que nous préférons oublier, nous nous laissons, une fois lestés d’une parure d’autonomie, attirés par le confort de la glisse plutôt que par l’effort continu que réclamerait la poursuite, même tempérée, d’une ascension aux buts imprécis. Et ce n’est pas la tentative de compréhension de la phrase précédente qui te prouvera le contraire !

À cela, plusieurs raisons.

D’un strict point de vue physique, descendre semble toujours plus simple : il n’y a qu’à se laisser emporter par la pente. Le succès des sports d’hiver, où l’essentiel du temps est consacré à la descente, des piste aux comptoirs, en est un exemple éclatant. Si l’on admet que pour descendre il aura fallu d’abord monter, alors descendre c’est rebrousser chemin et c’est peut-être aussi une façon de se rassurer, de ne pas s’échapper trop loin d’un espace connu, d’éviter toute prise de décision donc de risque.

Si je te parle de montée et de descente, c’est que je pensais être descendu assez bas pour commencer d’apprécier ce qui devait s’apparenter à une remontée. Mais il est des tremplins qui ne sont que plongeoirs.

Me voici, donc à nouveau, en train de dégringoler de cette échelle sociale qui comporte si peu de barreaux dans sa partie basse, comparativement à sa partie haute, qu’elle mériterait plutôt le nom d’échasses sociales ! Ce qui, par ailleurs, rendrait mieux compte de l’indéboulonnable hiérarchie qui régit nos sociétés, à l’image du berger toisant son troupeau, et prouverait, mieux que n’importe quelle philosophie zoologique que non ! définitivement non ! les moutons ne sont pas des rongeurs. Et qui va à l’échasse… perd sa place !

Ce qui vient de m’arriver cette semaine puisque mon contrat ne sera pas reconduit au terme d’un mois d’essai jugé improductif. Pour une fois que j’avais fait les efforts nécessaires et mis dans ma poche ma grande gueule si souvent nocive. Comme quoi le problème n’est pas là (enfin, pas spécialement là).

Dans une semaine, la quille. Bon, pourquoi pas ? Chaque partie se faisant sa propre idée de la productivité selon des critères d’appréciation fort différents, les conclusions sont donc souvent contradictoires. Du fait que ce boulot ne m’enchantait pas outre mesure, je prend acte de sa fin sans plus d’acrimonie et je passe à autre chose, même si cet autre chose n’est pas vraiment défini. J’ai plusieurs options mais aucune, pour le moment, ne me satisfait vraiment.

J’ai le choix entre :

  • retourner subir les incohérences humiliantes d’une agence pour l’emploi au prétexte qu’elle me versera indûment une faible poignée d’euros ;
  • errer sans espérer générer aucun intérêt auquel se référer ;
  • partir squatter quelques mois une maison vide dans un coin reculé de campagne (avec néanmoins l’électricité et Internet) pour tenter d’y écrire ;
  • gagner au loto de quoi vivre quelques années dans un coin reculé de campagne (avec néanmoins l’électricité et Internet) pour tenter d’y écrire ;
  • accepter d’être définitivement inutile et surnuméraire ;
  • trouver d’autres choix…

Je peux aussi monter dans le prochain bistrot et tester ma descente.

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