Les 101 salle-matiens

OK, le jeu de mot n’est pas exceptionnel. Ce qui l’est par contre, c’est la présence de Maïa Mazaurette dans l’émission de radio « La Salle 101 ».

Est-il besoin de présenter Maïa ? Si vous surfez régulièrement sur les meilleurs blogs du web francophone vous y avez forcément croisé sa plume. Journaliste de formation, féministe militante et convaincante, pionnière du blog en France (son premier blog date de 2002 ! Je n’avais même pas encore d’ordinateur !), grande prêtresse louboutinée du sexblog (le défunt Sexactu, autoproclamé « meilleur sexblog du l’Univers et peut-être même du web ! »), auteure de romans et d’essais, scénariste de bande dessinée, berlinoise pratiquante et humoriste visionnaire, Maïa Mazaurette est une étoile filante aux trajectoires multiples, parfois inattendues mais toujours attachantes.

Suite à l’enregistrement de cette émission j’ai eu l’occasion de bavarder en tête-à-tête pendant près d’une heure avec la demoiselle. Avec au moins cette belle confirmation : cette fille ne triche pas. Dans ses livres, dans ses blogs, dans ses interviews, dans ses discussions, c’est toujours la même révolte qui l’anime : à la fois sereine dans sa capacité à expliquer sans cesse, à argumenter jusqu’à convaincre et volcanique dans son incapacité à se blaser des vices de nos sociétés.

L’interview de ce Mardi 13 0ctobre 2009 faisait suite à la sortie de son dernier livre : « Rien ne nous survivra » aux Éditions Mnémos.

« La Salle 101 » est une émission dédiée à la Science-Fiction et à la Fantasy, genres littéraires qui ne m’émeuvent guère. Le seul ouvrage que j’ai pu lire jusqu’au bout (et encore, difficilement, puisque plié de rire du début à la fin !) c’est la fameuse trilogie « Le Guide du Routard Galactique » qui est à la Science-Fiction ce que « Pourquoi J’ai Mangé Mon Père » est à la paléontologie : ces deux ouvrages auraient tout aussi bien pu inverser leurs époques que leurs propos n’en eurent pas été différents.

C’est aussi le cas du livre de Maïa. Étiqueté « Fantasy » pour justifier le temps passé par les libraires à classifier leurs étagères, ce livre propose un thème non seulement universel mais immémorial : le passé a-t’il un avenir et vice-versa ?. Je vous en reparlerais peut-être plus longuement lorsque je l’aurais lu intégralement (ce billet n’est pas une chronique littéraire). Pour vous en faire une idée, Maïa a eu la bonne idée d’en proposer une ré-écriture feuilletonnesque en 27 épisodes sur son blog.

Ce qui m’a amené à assister à cette émission de radio, ce sont les caractéristiques même de cette émission. « La Salle 101 » est en effet enregistrée en public dans un bar à vins du 12ème arrondissement de Paris ! Le cadre est intéressant : une petite salle (à trente personnes, ça doit être l’enfer !), une musique de qualité diffusée par des enceintes Cabasse qui donnent un son nettement plus chaud et limpide que les Böse de base que l’on trouve le plus souvent dans ce genre d’établissement et un Corbières 2004 que j’ai bien apprécié, joliment servi par de sympathiques barmaids… Une adresse à retenir.

Le public semble composé en majorité d’intervenants du forum ActuSF ce qui paraît quand même logique. L’interviewer est très pro et possède la qualité supplémentaire de laisser à son interlocutrice le temps de réponse nécessaire. Ni interruptions, ni questions bateaux, l’interview n’est pas non plus une opération de « promotion ». Bref, l’exercice est à découvrir.

Les interviews étant gratuitement téléchargeables dès leurs mises en ligne (deux à trois jours après l’enregistrement), je mets un lien ici : LIEN (cliquez sur « et ça se passe ici » pour lancer la diffusion mp3). Vous pourrez ainsi, à loisirs, vous y plonger. Ça m’évitera une retranscription d’autant plus délicate que je n’ai pris aucune note, ayant dans une main un verre (Corbières 2004, je ne sais pas si je l’ai déjà signalé…) et dans l’autre un appareil photo.

J’en ai toutefois retenu cette belle intervention « maïesque », ce mélange d’incrédulité face à une question inattendue immédiatement enchaînée à un contre-argumentaire vertigineux d’intelligence, les yeux plantés dans celui du public (oui, plantés ! pas lamentablement planté comme un Windows® de base, non, plantés comme des poignards de cirque autour d’une cible vivante !), le sourire déjà vainqueur du carnivore qui sent sous sa griffe se déchirer la peau de l’antilope, et cette voix calme pour expliquer que la diversité des activités littéraires n’est pas de la schizophrénie, au contraire !

Si bien que, sans être le moins du monde intéressé par la SF, j’ai passé une excellente soirée (mais peut-être que cet excellent Corbières 2004 en est aussi une des raisons…). D’autant qu’après l’interview (une bonne heure entrecoupée de deux pauses musicales), Maïa s’est livré à son exercice favori, du moins le suppose-t-on au vu de l’entrain et du sérieux qu’elle y consacre : la dédicace ! Car, outre les qualités énoncées au début de cet article, Maïa est aussi dessinatrice. C’est comme ça, certaines filles ont tous les talents pendant que d’autres finissent ministres…

Ces séances de dédicaces sont donc aussi un prétexte à (se) dessiner pour le plus grand plaisir de ses lecteurs qui repartent avec autre chose qu’un Pour Monique, amicalement, signé Tartempion hâtivement griffonné… Et tout le monde ne s’appelle pas forcément Monique.

Petit bémol dans cette soirée : le bar ferme à une heure du matin ce qui est très tôt… Dommage ! J’aurais bien aimé goûté à ce petit Corbières 2004… Une prochaine fois, sûrement !

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