J’t’en pose des questions ?

Très récemment, l’adorable Ace-Tea a écrit une très sympathique critique de « Ne Jamais… », deuxième ouvrage bientôt (re)publié sur la future Librairie Le Loup & Le Chien. Et puisqu’elle n’est pas avare de cadeaux, elle en a profité pour me nommer dans la liste de ses Liebster Awards.

Le principe de ce type de liste est calqué sur les chaînes internet classiques (en plus ludique cependant). Tu réponds à une série de questions et à ton tour tu envoies une série de questions à des bloggers de ton choix qui eux-mêmes, etc.

J’ai averti Ace-Tea que je ne participerais pas à cette chaîne et lui ai donné plein de fausses bonnes raisons pour cela. Je l’ai aussi prévenu que j’allais malgré tout répondre à ses onze questions parce que certaines d’entre elles sont vraiment intéressantes, littérairement parlant.

Dont acte.

1. De quel ouvrage de fiction recommanderais-tu la lecture, avant tout autre ?
La première partie de la phrase me renvoie immédiatement une bonne douzaine de titres. La deuxième partie oblige à réfléchir. Recommander une lecture n’est pas un acte anodin. Exception faite du bottin téléphonique d’Indre-et-Loir que je recommande finalement assez peu eu égard à son manque de suspens. En recommandant tel titre à telle personne, on préjuge souvent des capacités de cette personne à apprécier ladite recommandation en imaginant que ladite personne a peu ou prou les mêmes goûts que soi. Ainsi que la même capacité d’abstraction ou d’analyse. Ce qui n’est jamais le cas. Je l’ai écrit ailleurs : « Un seul écrit engendre potentiellement une multitude de lectures. » En fait, à travers ces recommandations, ce ne sont jamais que nos propres lectures que nous tentons de hiérarchiser. Non, je n’essaie pas de me défiler et tu auras une réponse à la fin de ce paragraphe. Et peut-être avant. En tout cas pas après. Bref. Je dis juste que recommander un ouvrage de fiction avant tout autre revient à choisir le fameux livre que l’on emmènerait sur la non moins fameuse île déserte. Il faut donc prendre en considération le fait que cette île n’est peut-être pas si déserte que ça : après tout, si on s’y trouve, d’autres peuvent aussi s’y trouver. D’ailleurs si tous les tests « île déserte » font référence à la même île, il y a de grands risques qu’elle soit un tantinet surpeuplée ! Dans tous les cas, il conviendra de pouvoir faire face à d’éventuels congénères et au besoin subséquent d’utiliser ou de redéfinir certains codes de sociabilité. Ce qui ne signifie pas que je recommande la lecture du Code Civil même si celui-ci sera bientôt un objet de fiction (il est déjà largement un objet de frictions). Le livre que je recommande s’appelle… tatataaaa… « Pourquoi j’ai mangé mon père » Roy Lewis, bien qu’anglais (ou parce qu’anglais) et parce que scientifique (ou bien que scientifique) nous offre là un condensé magistral sur l’humain : éternellement coincé entre son génie et son ego, entre ses rêves et son confort, entre hier et demain. Ce livre est le pendant paléontologique de la fable Le loup et le chien qui fut le premier nom de ce blog et qui résonne désormais au fronton d’une librairie en ligne. Promis, les autres réponses seront (devraient être) plus concises.
2. De quel essai recommanderais-tu la lecture, avant tout autre ?
« Ne Jamais… » a récemment reçu une bonne critique. Mais c’est peut-être un peu ardu. Avec à peu près le même argumentaire que ci-dessus, je recommande la lecture (même papillonnante) de « L’Esprit Des Lois » de Montesquieu qui m’avait inspiré cet article il y a bientôt deux ans. C’est un ouvrage imposant en volume mais ça se lit très bien par petites gorgées. D’autant plus si tu entrecoupes ces gorgées de tes propres réflexions accompagnées de pastis et de tapas. Essaie !
3. Quel est, selon toi, le critère nécessaire à une expérience de lecture réussie (la question est volontairement vague, c’est bon la liberté !) ?
La première évidence qui me vient est : un bon livre. Je n’ai pas de marotte spécifique pour lire. Je peux lire au calme comme dans le métro. Le jour comme la nuit. Si un texte me passionne, je le lis, point.
4. Te concernant, quelles sont les trois principales vertus de la lecture (oui, trois, c’est totalement arbitraire) ?
La première, la seconde et, de façon plus inattendue, la troisième. En vrai, la lecture n’a qu’une seule vertu, quasi physiologique : étancher une soif.
5. Si tu devais écrire un conte étiologique pour raconter l’origine d’un fruit, quel fruit choisirais-tu (et si tu as envie de l’écrire, ce conte, j’aimerais beaucoup le lire) ?
Le fruit de la passion, forcément ! Ou la bière. Qui est le fruit du travail du brasseur. Mais je ne suis pas sûr que ce soit réellement un fruit. Je retourne vérifier. (conte probablement à suivre)
6. La Licorne Rose Invisible — puissent Ses Sabots ne jamais être ferrés ! — : qu’en penses-tu ?
Alors, je… euh… franchement, j’en ai un peu marre. Sous prétexte qu’elle est invisible, elle se permet de faire la maline sur la voie ferrée de l’autre côté du quai et nous on est là comme des cons à poireauter pour monter dans un RER tout pourri. Et tu trouves ça beau ?
7. Prenons une table basse parallélépipédique rectangulaire d’1m x 70cm x 400mm. Sur cette table basse, posons trois sous-verres, une bougie Ikea parfumée à la vanille et une boîte d’allumettes à moitié vide. Sachant cela, combien de temps faudra-t-il au chat bleu pour rendre rond le carton trop petit pour lui ?
Depuis le théorème de Tom & Jerry, on sait que la racine carrée d’un chat est proportionnelle à (3v+b), si v n’est pas un indice tangentiel absolu. Dans le cas contraire, cette racine est un phèdre. C’est-à-dire, pour faire simple, un faux tétraèdre à crête convexe. Par ailleurs, Schrödinger nous a montré qu’une boîte à moitié vide ne contenait pas forcément un chat à moitié mort. Il est alors facile d’en déduire n’importe quelle circonférence dans un rayon de 400 millimètres après JC-le-Juif-Coranique dont les aventures en carton tournent en rond depuis un bon bout de temps maintenant.
8. Si l’on pouvait voyager dans le temps, quand voudrais-tu être ?
Soit à Paris en 1789 dans le rôle du sans-culotte ivre du sang des despotes, soit à Londres au début des années soixante, une guitare dans chaque main et une main dans chaque fille. Sex, drugs and rock’n’roll !
9. Quel est ton score au test de pureté Griffor ?
Il a déjà fallu que je consulte le Grand Internet des Réponses pour découvrir ce qu’était le test de pureté Griffor. Il a aussi fallu que j’ouvre un dictionnaire pour savoir ce que voulait dire « pureté ». Mais je ne fais que 100 points à ce test. J’en déduis qu’il est aussi fiable qu’un sondage politique. Ou que mon sang impur n’abreuve aucun sillon.
10. Quelle question aurais-tu voulu que je te pose ?
La grande question sur la vie, l’univers et le reste. What else ?
11. Quelle est ta réponse à la question citée en réponse à la précédente question ?
J’t’en pose des questions ?

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