Happy dogs !
Ils ont de nombreux parcs où gambader tranquillement. Sur les pelouses, entre deux courses folles, toutes babines au vent, ils déposeront, goguenards, leur trop-plein de croquettes. Les maîtres se hâteront de ramasser et d’enfermer soigneusement les déjections dans un joli petit sac en papier kraft aux armoiries de la ville, tout comme les poubelles proches. Ils sont rarement en laisse et répondent dociles aux ordres basiques. Quand ils se rencontrent, ils ne s’aboient pas après. Ils ne se battent pas non plus. Ils se reniflent longuement (comme beaucoup d’humains aimeraient pouvoir le faire) et, s’ils s’apprécient, partent jouer ensemble. Sinon chacun reprend son chemin. Ils sont autorisés à se baigner dans les fontaines et à aller y chercher la baballe qu’on leur a lancé avec une catapulte à baballe, chose que je n’avais encore jamais vue. Assis sur un banc (ou là où tu veux), tu récupères la baballe que ton chien a déposé à tes pieds avec une espèce de longue cuillère en plastique qui te permet, d’une part, de ne pas avoir à te baisser (feignasse), et d’autre part, de ne pas te salir les mains avec ce mélange si caractéristique de salive, de poussière, de feuilles en décomposition et d’excréments variés, mélange qui recouvre inexorablement toute baballe digne de ce nom.
Bienvenue à Prague, la ville des chiens heureux !
Prague est mondialement connu, entre autre, pour son fameux Printemps. Mais l’été n’y est pas mal non plus : du soleil « pleins phares » et une température cuniculaire caniculaire.
Contrairement à Liège, ville francophile en pays francophone, Prague se situe vraiment à l’étranger. Dès la sortie de l’avion, c’est clair : l’alphabet semble familier mais il y a des accents partout, même sur les consonnes. Et parfois en-dessous ! Certains mots donnent même l’impression de n’avoir que des consonnes ! Jette un coup d’œil à la page Paříž sur le wikipedie tchèque…
Et, toujours contrairement à Liège, je n’ai cette fois aucune correspondante sur place pour m’informer des quelques rudiments de base sur la vie sociale praguoise.
Alone in the jungle !
Comment te raconter Prague ? Je n’y ai passé que cinq jours, j’ai donc assez peu d’informations pour faire le guide touristique mais suffisament d’impressions pour te donner envie d’y aller.
Dans le désordre, comme d’habitude.
Prague est une ville méga-historique donc archi-touristique, notamment dans sa partie centrale, des deux côtés de la rivière-au-nom-imprononçable-pour-un-français (mais qui s’écrit comme ça : Vltava). Le quartier du Château et des ambassades sur la rive gauche, la vieille ville sur la rive droite (pour simplifier).
Pour visiter Prague, tu as trois possibilités. À pied, à cheval ou en voiture. Si tu choisis la voiture, tu seras promené à bord d’authentiques cabriolets des années 30. Si tu préfères le cheval, tu rouleras carrosse dans de superbes calèches, tirées par deux ou quatre chevaux. Perso, je l’ai fait à pied. c’est moins cher et surtout, tu te déplaces où et quand tu veux.
Alone but free in the jungle !
Voyager à pied ça donne soif. Une bonne occasion donc de se désaltérer de bières tchèques (Kozel, Pilsen Urquell, Staropramen, Gambrinus…) dans les nombreux cafés de la ville. C’est dans la ville de Plzeň qu’a été élaborée pour la première fois cette fameuse bière blonde légère, aujourd’hui le type de bière le plus répnadu dans le monde.
Une anecdote marrante. À Prague, absolument personne ne parle le français mais de nombreux établissements arbore de splendides noms « bien de chez nous » avec toutefois une totale liberté quant à la grammaire et l’orthographe ! Ce qui donne de savoureuses enseignes.
Sur place, tu pourras déguster quelques spécialités tchèques à base de saucisses, de choucroute et de pommes de terre. Question prix, si les bières restent très abordables partout (autour d’un euro cinquante la pinte, les tchèques sont les plus grands consommateurs de bière au monde !), il vaut mieux s’éloigner des centres touristiques pour éviter des notes trop élevées, bien que ramenées aux tarifs parisiens, ces prix restent corrects.
Alone and happy in the jungle !
Prague est une superbe ville. Quatre fois grande comme Paris mais deux fois moins peuplée. Ses rues sont relativement étroites (parfois très pentues) et bordées de colossales bâtisses, de six étages ou plus, aux façades somptueusement ouvragées. Le moyen de transport en commun privilégié reste le tramway qui quadrille l’ensemble de la ville. Il y a aussi des bus et trois lignes de métro souterraines, sûres et rapides.
De manière générale, les praguois sont accueillants, visiblement ravis et fiers d’avoir récupéré une nation à développer après les années noires du stalinisme. À ce sujet, rappelle-moi de faire un article un jour dans lequel je militerai pour — de la même manière qu’on doit parler du nazisme et non de l’Allemagne — qu’on parle de stalinisme et non de communisme pour évoquer les horreurs commises dans l’ensemble de l’Europe de l’Est au siècle dernier et encore aujourd’hui dans les prisons cubaines ou les jungles sud-américaines. Le communisme est bien antérieur à tout ça et a comme caractéristique de vouloir éduquer suffisamment les peuples pour les libérer des diktats et de l’oppression policière.
Malheureusement, je crains qu’il ne faille trouver un autre mot pour ça désormais… Notamment en République Tchèque. Parle-leur de communisme et il te découpe aussitôt en fines lamelles qu’ils feront savamment griller pour accommoder leurs délicieux et traditionnels halušky et autres bramborák !
Prague s’ouvre donc au libéralisme occidental comme un mort de faim qui se précipiterait dans une boulangerie-confiserie-vins-&-fromages au sortir d’une diète de quarante ans ! Compréhensible. Prague veut retrouver son glorieux passé culturel et vivre pleinement son présent fait de jeunesse et de projets.
C’est le moment d’aller à Prague. Bientôt, libéralisme oblige, elle ressemblera à Londres, Paris, Bruxelles ou Berlin : vendue aux multinationales de l’agro-alimentaire et du cosmétique qui sur-enlumineront ses attraits pour mieux la louer aux touristes nouveaux riches des pays émergents !
Avoir été « la mère des villes » et finir en pute mondialisée ? De quoi donner raison à Lewis Mumford qui considère que les cités se développent en abandonnant peu à peu les rondeurs maternelles des premiers villages pour se perdre dans la grandiloquence verticale d’une virilité symbole de gloire et de puissance.
Alone in the jungle again !
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