Peut-être avez-vous bien rigolé grâce à la vague du « Mommy Porm » et de ses cinquante nuances de grisaille qui défoncent tout ? Vous avez bien fait d’en profiter car celle qui s’annonce va réellement vous en faire baver : l’UMPorn (prononcé à l’américaine : you-mi-porn) !
En matière de BDSM politique — Bruns, Démagos, Sournois, Menteurs — la dernière trouvaille de Patrick Buisson vaut sa cravache d’or !
Rappelons rapidement qui est Patrick Buisson : journaliste, ancien rédacteur en chef du journal Minute, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, éminence grise et théoricien de la nouvelle extrême-droite (qui prône l’alliance de toutes les droites), propriétaire d’un institut de sondage mis en cause dans l’affaire des sondages de l’Élysée et directeur de la chaîne Histoire, filiale de TF1 dont le patron, Martin Bouygues, est considéré comme un frère par Nicolas Sarkozy. Oui, le monde de la droiture et de l’innocence est vraiment tout petit…
La dernière trouvaille de Buisson, donc : avoir déposé à l’INPI (Institut National de la Protection Industrielle) la marque « La Cause Du Peuple ».
Pendant les années soixante et soixante-dix du siècle précédent, La Cause Du Peuple, outre qu’elle est le thème central d’une chanson de Léo Ferré, était surtout connu pour être un symbole auquel l’extrême gauche française était très attachée. Aveugle et fermement menottée au maoïsme le plus radical, La Cause Du Peuple allait devenir Libération, journal aujourd’hui capitaliste dans sa structure, libéral dans son mode de pensée, soumis au joug implacable des publicitaires et présidé par un banquier (Rotschild), tout en continuant à se prétendre de gauche tandis que le vent de la révolte ne fouette plus guère que quelques réverbères éteints du côté du boulevard Saint-Michel et de la rue des Écoles…
Sarkozy n’est plus là mais la haine qu’il a insufflée dans chacune de ses interventions — la plupart revues et corrigées par Patrick Buisson — est le moteur du nouveau fascisme en cours d’avènement en Europe. Aujourd’hui, la stratégie principale de cette nouvelle extrême-droite est de faire se rejoindre puis se fondre l’ensemble des composantes idéologiques de droite (du Front National à l’UMP, voire jusqu’à la droite du PS) dans une sorte de rassemblement obscène mais imposant, genre partouze vipérine censée régénérer les techniques de reptation et l’acuité des venins.
De l’effarante anecdote du pain à la chocolatine de Copé à la subtilisation par Buisson de la marque La Cause Du Peuple, en passant par les débats sur la place de l’islam, le mariage gay, la récidive, la dépénalisation de la consommation de cannabis, l’extrême-droite française avance en nombre et à visage découvert. Implantée au sein même de la république, dans les deux Assemblées, chez les maires et les élus de toutes les structures territoriales, elle a désormais les moyens de ses ambitions et ses ambitions n’ont rien de rassurantes.
Au prétexte de la crise économique, sociale et environnementale en cours (nous n’en sommes d’ailleurs qu’au début, quelque chose comme l’apparition du premier bouton avant une déclaration de varicelle), ses ambitions regroupent en vrac :
- un protectionnisme économique et industriel aussi inutile qu’inefficace à l’heure de la finance mondialisée ;
- une politique sociale d’exclusion intégralement basée sur la religion ;
- le rétablissement d’une autorité politique élitiste et anti-démocratique ;
- une justice de riche, un enseignement orienté, une morale misogyne, une police décomplexée et suréquipée ;
- etc, etc.
L’histoire récente abonde de ces exemples qui ont transformer une partie de ce monde en champ de batailles puis en ruines. Les civilisations sont certes habituées à se reconstruire sur des ruines mais est-ce que pour une fois, rien qu’une fois, juste pour voir, on ne pourrait pas simplement avancer tous ensemble plutôt que par petites factions se piétinant simultanément ?
En attendant, il faudrait créer un Mommy Porn Award et le décerner à la plus belle enculerie en carton de l’année. Je propose que la première édition aille à Patrick Buisson, bien que je ne partage aucune des valeurs de cet homme. D’ailleurs je crois bien que je ne partage plus aucune des valeurs d’aucun homme. Comme disait le poète que je suis parfois au fond des bars : Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la valeur chez un homme mais l’avaleuse chez sa femme !
▣