Qui suis-je quand je laisse un commentaire sur un blog ? Que dévoilé-je ou que caché-je ? Suis-je moi ou joue-je un personnage ? Quand est-ce qu’on mange ?
Suite à une amicale mais rude polémique avec la douce Anaïs sur un blog ami, je vais tenter de lui apporter ici quelques réponses… évidemment largement biaisées. On pourra voir une analogie entre commentateurs et courtisans, entre blogueurs et séducteurs, entre rêve et réalité… On pourra tout aussi bien s’en foutre et n’en retenir que l’aspect clownique.
De mon expérience, je verrais d’emblée cinq catégories de commentateurs :
- le co-rédacteur
- le fidèle
- le passant
- l’éphémère
- l’absent
Chacune de ces cinq catégories se découpant en quatre genres :
- le littéraire
- le graphiste
- le parleur
- le lol
Chacun de ces quatre genres recouvrant trois types :
- le pour
- le contre
- le neutre
Chacun de ces trois types obéissant à deux attitudes :
- le sobre
- l’expansif
Chacune de ces deux attitudes ayant un seul objectif :
- se manifester !
Ce qui nous donne quand même 120 profils minimum possible, sachant que tous les sous-profils sont cumulable !
Les plus chieurs — ce n’est pas une catégorie à part, ils sont partout ! — me feront remarquer que pour les commentateurs de la catégorie absent, les styles, genres et attitudes ne s’appliquent pas. Au contraire ! C’est même un archétype ! Mais je te concède qu’il s’agit là d’un cas particulier. C’est pourquoi je le traiterais en dernier.
NOTE : je préviens d’emblée les tatillons de la statistique sociale et autres intégristes de la sociologie statistique (ou l’inverse), que ces descriptions n’ont pas vocation à décrire parfaitement et exhaustivement la faune qui alimente la blogosphère. Celle-ci étant très majoritairement tenue par de vrais humains en vraie chair et vrai os, il appert que la diversité des profils est quasiment indénombrable. Il ne s’agit là que d’un exercice de corrélation burlesque à caractère fallacieux qui ne prend même pas en compte le propos central du blog — blog technique, sexblog, blog d’infos, blog perso, etc — donnée pourtant essentielle qui conditionne grandement le profil et l’attitude du visiteur de blog.
Les détails.
- Le co-rédacteur
- Lorsqu’il existe, il est une sorte de capitaine en second du blog et intervient en contre-point du rédacteur principal notamment sur des questions d’aspect techniques ou procédurales ; il est un peu le co-pilote de ton blog.
- Le fidèle
- Il te lit dès son réveil, est abonné aux flux RSS et te suit sur Facebook, Twitter — si par malheur tu t’es laissé emporter par ces réseaux d’anti-matière — et s’impatiente quand tu n’as rien posté depuis un quart d’heure. Entre Rantanplan et Rintintin. C’est peut-être grâce à lui si ton blog a du chien !
- Le passant
- Il déambule de blogs en blogs, ne s’abonne à rien mais repasse régulièrement.
- L’éphémère
- Il est venu une fois, t’a dit à bientôt et n’est jamais revenu.
- L’absent
- Voir plus bas.
- Le littéraire
- Avec ou sans érudition, il fait des phrases, des jeux de mots, cite de prétendues références. Il se répand, il s’étend. Pas toujours constructif ni en phase avec le sujet, il apporte cependant une plus-value certaine à ton blog en l’alimentant de mots rares et « rankables ».
- Le graphiste
- Partisan du « un bon gros dessin vaut mieux qu’un tout petit mot », il t’abreuve de photos et de vidéos ; avant lui, ton blog était le roadster de la toile. Mille vidéos plus tard, il est le monospace surchargé un premier août sur l’A6.
- Le parleur
- Comme au comptoir, il balance sa prose comme elle vient. Adversaire résolu de l’orthographe et saboteur de la syntaxe, il est le roi de la justification et du doublon, voire du houblon !
- Le lol
- Il se contente du növö langage minimal et international de la blogosphère : lol (momo bien rire), +1 (momo d’accord) ; plus quelques smileys pour ses quatre émotions cardinales : content, pas content, a-pas-compris, lol.
- Le pour
- Il reprend tous tes arguments mais dans un ordre différent — changeant à peine la formulation — dans le seul but de te venir en aide ; il est le chevalier blanc qui pourfendra le contre !
- Le contre
- Il ne connaît aucun de tes arguments mais te reproche de les avoir utilisés ; entre le troll imbécile et le putain de cockblocker.
- Le neutre
- Il a fait sienne la formule de Pierre Dac :
Je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire !
- Le sobre
- Jamais plus d’une ligne. Deux les années bissextiles.
- L’expansif
- Jamais moins de cent lignes. Deux cents les mois en « r » !
Et donc, l’absent. Ou l’absente. C’est un peu le commentateur idéal, celui dont rêve tout blogueur : on sait qu’il existe et qu’il a plein de choses à dire mais on ne le voit jamais. Entre arlésienne et fantasme. Il est à la croisée de tous les profils sans en posséder aucun. Il est la passante de Baudelaire autant que l’œil de Victor Hugo.
Cet « absent » dépend étroitement de la raison d’être de ton blog au point qu’on peut quasiment lui en attribuer la paternité. Je ne parle bien sûr pas des blogs monétisés pour lesquels l’absent n’a pas d’odeur…
Tu as maintenant les clés pour te reconnaître ou identifier tes interlocuteurs.
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