Le bus peine à se frayer un chemin dans la circulation déjà dense et à ce rythme-là, j’aurais pu tout aussi bien aller à Montparnasse à pied… Après ce bus, il me restera bien une vingtaine de stations de métro puis quelques minutes de marche avant de monter à bord du TGV.
Il est déjà 08h30, le train part à 09h12 et le bus est toujours coincé à 200 mètres du carrefour qui mène à l’A86 et qui marque la moitié de son parcours… Le prochain train est à 11h12. Avant d’arriver à Brest, j’aurais tout le temps de réfléchir à un article ad hoc.
Une chose est sûre : tu ne vas pas à Brest pour faire du tourisme. Reconstruite après guerre, la ville est d’une simplicité géométrique rarement vue : tout est droit, tout est gris, tout est froid. Les rues sont larges, les esplanades immenses mais tout est en béton gris. C’est d’autant plus impressionnant que peu de monde s’y promène.
L’une de ces larges avenues est d’une effrayante longueur d’autant qu’elle est tout en pente et qu’aucune voiture n’y circule, empruntée seulement par le tramway moderne et vert-pomme qui sillonne la ville d’Est en Ouest (mas aussi d’Ouest en Est, si tu as pris un ticket en ce sens). Le reste de la ville et ses alentours sont desservis par des bus propres et fréquents (toutes les dix minutes en moyenne, quelque soit l’heure).
OK, la carte postale ne semble pas très gaie mais que dire d’autre sur cette ville ? Le port, la rade, la mer, les bateaux, les bars ? Allez…
Brest est une base navale mais ça ne se ressent pas dans la ville. En même temps, des bateaux sur les trottoirs ne seraient pas très pratiques. La ville est tout en hauteur et son front de mer est partagé entre un port de commerce sans âme, une base militaire inaccessible et deux ports de plaisance bien garnis de plutôt petits et moyens bateaux (on n’est pas à Cannes non plus). Voilà, voilà…
Je ne pense pas avoir de lecteur ou de lectrice originaire de Brest mais je tiens à signaler que ceci n’a rien de méchant : je suis venu à Brest pour ne rien faire et très franchement, je n’y fais absolument rien ! Ceci étant, comme je ne parle pas aux gens, je passe très certainement à côté des choses intéressantes que la ville (étudiante donc jeune) dissimule volontairement aux touristes et réserve à ceux qui feront l’effort d’aller voir ce qui se trame de l’autre côté des lourds murs de pierres.
J’ai bien franchi les portes de quelques bars lorsque la soif se faisait impatiente et j’y ai bu quelques verres. En quatre jours j’ai pris à peine 30 photos et bu beaucoup moins de bières (aussi chères qu’à Paris sinon plus) !
Aujourd’hui, enfin, la Bretagne se décide à être fidèle à l’image qu’en ont les parisiens : il pleut. Il tombe ce fameux crachin fin et gras qui donne l’illusion d’un brouillard épais et qui n’est que de l’eau en suspension qui attend patiemment de croiser un col un peu ouvert pour s’y glisser, malicieuse et néanmoins humide. Bizarrement, ce crachin, qui transforme le granit poussiéreux en miroir étincelant, me donnerait presque l’envie de rester.
Demain, je pars un peu plus à l’Ouest, tout près du vrai grand océan (la rade de Brest ressemble plus à un lac qu’à la mer). En espérant y trouver des rochers, des vagues, de la lande, un parfum d’iode et des cris de mouettes… et encore du crachin d’après le bulletin météo.
Brest n’a peut-être pas eu de chance, tout simplement… au mauvais endroit, au mauvais moment ?
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