La musique primale

Ce billet fait suite à cette déjà vieille interrogation de l’ami Wakajawaka : La matière se prolonge bien dans les cycles de transformation ininterrompus — même la fission nucléaire n’est pas une destruction définitive de la matière mais juste un passage d’un état à un autre état. Mais l’esprit ?

« Suite » est un bien grand mot malgré ses deux courtes syllabes. Mieux vaut y voir une divagation, une élucubration, une réponse buissonnière… Un chemin des échos liés !

***

Qui suis-je ? Où vais-je ? Quand va-t’il poster un nouvel article ce fainéant ? sont quelques-unes des questions que peut se poser tout être humain qui arrive au seuil de sa maison et s’aperçoit qu’il n’en a plus les clefs. C’est une image : la maison où je vis possède deux portes mais aucune n’a de clef, ce qui m’évite de les perdre ! C’est aussi une métaphore sur la liberté de choix mais ce n’est pas le sujet du jour…

Debout sur le bord du chemin, le « tout être humain » en question laisse les fourmis inspecter son bas de pantalon et tout en espérant pisser loin de ses chaussures, il contemple l’épais manteau nuageux tissé de voluptueuses encres grises… et tente de se rappeler ce qu’il a bu la veille de donner un sens à tout ce bordel.

Pour ce faire, je me suis fabriqué une petite théorie toute personnelle qui tente d’imaginer ce qui pourrait lier l’esprit et la matière. Faute de mieux, je l’ai appelé « musique primale » et je lui adjoins ces quelques suppositions préalables :

  • tout amas de molécules (animal, végétal ou minéral) est en fait un émetteur-récepteur plus ou moins précis ;
  • aussi précis que soit cet émetteur-récepteur, il n’est réceptif qu’à certains fragments de la « musique primale » ;
  • deux émetteurs-récepteurs peuvent recevoir le même fragment de « musique primale » mais n’émettront jamais un fragment strictement identique ;
  • toute matière n’existe que par sa capacité à intercepter, à moduler puis à émettre des fragments de « musique primale » dans un échange perpétuel ;
  • l’ensemble des émetteurs-récepteurs existants, ayant existé ou étant amenés à exister, ne suffiront jamais à recevoir ou à émettre l’intégralité de cette « musique primale ».

Les fragments modèlent la matière qui module les fragments.

C’est le fait de recevoir de la musique qui fait qu’un amas de molécules, jusqu’alors particulièrement oisif, devient matière. Et c’est la capacité de cette matière à émettre de la musique qui la rend vivante. La musique possède un spectre sensoriel beaucoup plus riche qu’on ne l’imagine et qui déborde très largement du seul cadre de l’audition. L’audition, le son, les notes, les accords, ne sont finalement qu’un aspect très particulier de la musique, résultat du modelage très particulier d’un émetteur-récepteur très particulier : l’être humain. En plus, ça m’arrange puisque je n’arrive pas à les jouer correctement !

Je pense qu’il faudra que je développe plus complètement cette théorie un jour… À défaut de pouvoir jouer à peu près correctement, je pourrais peut-être monter une secte d’adorateurs de la quinte-essence !

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