C’est mal barré…

Commencer à vouloir jouer d’un instrument de musique sur le tard (à l’approche du demi-siècle) pose certains problèmes : manque de souplesse des doigts, position inadaptée des épaules et de la colonne vertébrale, oreille formatée et peu qualifiée… Le but aurait été de ne pas réussir cette instrumentalisation, j’aurais pu avoir tout bon !

Peut-être aurais-je dû choisir un autre instrument ?

Mais.

Depuis tout petit le son des guitares me fascine. Électrique ou acoustique, ce son a toujours été un choix déterminant dans mes achats de disques. Et (vieux con inside) à la grande époque des années 70 et du hard rock triomphant, j’étais comme un jeune chien fou dans un cimetière profané : joie et bonheur partout !

Je passais des heures en solitaire à me repaître goulûment de riffs barbares et de solos brutaux, en les mimant comme je pouvais, les cheveux battant le rythme, les mains solidement ancrées sur une guitare imaginaire… j’aurais fait bonne figure dans un concours de air guitar !

Dans mon entourage, je n’avais ni musicien, ni mélomane avec qui partager réellement les sensations incroyables que me procuraient ces sons. Bien sûr, il y avait des musiciens au lycée (et des bons) mais ma farouche culture de la solitude comme guide de survie m’en rendait l’approche impossible.

Les années ont passées, l’envie est restée. Aussi, lors de ma précédente période de chômage, il y a deux ans, j’ai décidé de passer le cap. Et comme il n’était pas question d’aller dans un magasin (euh… bonjour… je… voilà… alors c’est… euh… non, rien… bonsoir), je me suis équipé sur internet. Très mauvaise idée. Passons.

Je dispose aujourd’hui de deux guitares basiques (une électrique, une acoustique), d’un amplificateur et d’une maison sans voisin… Hé, hé !

Juste un petit souci : je suis totalement incapable de jouer quoi que ce soit de connu et qui me permettrait, éventuellement, de progresser au sein d’un groupe, du fait de mon incapacité à maîtriser physiquement des accords compliqués en terme de gymnastique digitale. Sans parler de l’ignoble Do, du Ré pervers ou du Sol ennemi (je me contente du La/Mi de base), les plus inaccessibles restent les « barrés » : strictement impossible à réaliser, la douleur résultante dans le poignet et l’avant-bras étant quasi-immédiate.

Je me suis donc forgé des petits morceaux personnels qui ont une triple fonction :

  • faire mes propres petits morceaux m’a permis de progresser malgré tout ; en plaisantant, je disais à un ami il y a quelques mois sur le net : Je ne sais pas jouer donc je compose !… il y a quand même un peu de vrai là-dedans…
  • ça m’a évité de me décourager et de faire connaître à ces pauvres guitares le sort que leur réservait Pete Townshend du temps de sa jeunesse folle !
  • ça me permet surtout (c’était le but) de m’amuser, de me vider la tête.

Ça me permet également de surfer sur la nostalgie comme sur un tapis volant : ces sons, ces riffs, cette ambiance magnifique dans laquelle il n’existe plus que la vibration de l’air, je la touche… presque !

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