L’arrêt public de la raie publique de la république

On peut toujours essayer de se convaincre que les politiciens ne sont pas « tous pourris ». Malheureusement, ceux qui le sont le sont si profondément qu’ils te pourrissent la vie bien au-delà de ce que ceux qui ne le sont pas (ou ne le seraient pas) ne peuvent (ou ne veulent) te l’améliorer. De ce fait, il devient urgent et nécessaire de repenser aussi bien le rôle des élus que celui des citoyens. Car nous n’avons bien que les politiciens que nous méritons.

La cinquième république est agonisante et la sixième ne sera que la démonstration que les politiciens actuels (de l’extrêmiasme-de-droite à la gauche-extrêmuette) ne sont pas seulement égoïstes et incompétents mais tout simplement inaptes à respecter des valeurs aussi essentielles (pour le lien social) que la probité, l’honnêteté, l’empathie et la remise en question.

Le fait que je m’en vais te proposer quelques pistes pour l’établissement d’une septième république durable et sympathique ne signifie en aucun cas que je suis moi-même probe, honnête, bourré d’empathie et me remettant en cause tous les matins… Mais je ne suis pas politicien et quelque part, c’est déjà une grande qualité !

Les pistes que je vais t’exposer sont des axes de réflexion. Il faut les lire littéralement, les comparer au contexte actuel et en redéfinir aussi bien les contours que le cœur. C’est la somme convergente des cœurs et des contours qui aura finalement le dernier mot pour peu que le système électoral change du tout au tout et que l’électrice que tu seras (et que j’observerai du fond de ma fosse, sceptique quant aux résultats) retienne et défende ces petites choses irremplaçables :

  1. la liberté individuelle n’existe pas ;
  2. le groupe est seul garant de l’épanouissement individuel ;
  3. l’individu est le ciment du groupe ;
  4. un élu n’est qu’un représentant, pas un décideur ;
  5. la république est un acte civique, pas une rente.

Bien sûr, si tu préfères ne pas vivre ensemble et te conformer aux lois circonstancielles et arbitraires du plus fort — qui sera, selon les cas, le plus riche, le plus malin, le plus « grande gueule », le plus imposant, mais qui ne sera jamais toi — alors ce qui suit n’a aucun intérêt et tu peux t’en retourner exploiter, escroquer, avilir et massacrer les tristes penseurs qui t’empêchent de capter la saison 3 de ta série préférée sur ton joli smartphone nécessitant plus de souffrances infantiles qu’un séminaire de curés irlandais en pèlerinage chez Dutroux ! Entre l’extraction des terres rares, l’enrôlement forcé dans les guérillas ultra-violentes pour le contrôle des zones d’extraction, l’assemblage des coques et des composants dans des usines où le plus carnivore des européens refuserait d’y abattre même un cochon malade, la consommation poussée, frénétique et compulsive de médiocres idoles de jeunes, jeunesses elles-mêmes sacrifiées sur l’autel de leur propre gloire et du dieu money… L’enfance est encore la plus utilisée des paillasses de dissection.

Sinon, voyons ces mesures d’un peu plus près mais pas trop près non plus, recule encore un peu, pas trop, avance, stop, c’est bon, assieds-toi.

Individu et liberté

L’individu n’existe socialement qu’en tant que membre d’un groupe. Un individu qui ne ferait partie d’aucun groupe pourrait tout à fait vivre, biologiquement parlant, mais il ne serait pas libre : il serait seul. Il a existé et existera encore quelques rares cas d’enfants sauvages qui n’inventeront jamais la poudre (à part, peut-être, la poudre d’escampette) mais aucune société fraternelle et pacifique n’a jamais résulté de leur sauvagesse.

Sans trop rentrer dans les détails (car il faudrait y consacrer un très long article), un individu n’a de liberté que celle que lui accorde le groupe dont il fait partie. Tu peux relire Rousseau, car même s’il était un chieur paranoïaque et misogyne, sa description des valeurs sociales (ce qui fait qu’un groupe choisit de vivre ensemble selon des règles communes, débattues, acceptées puis respectées) est toujours d’une intense actualité.

Les groupes sociaux étant formés d’individus complexes, on peut comprendre la complexité d’éventuels changements dans les valeurs de ces groupes, notamment quand des conditions identiques d’expression et de représentation ne sont pas accordées à chaque individu du groupe. C’est ce qui fait la faiblesse de la république actuelle (dossard 5 comme la numéro 5 de béchamel), c’est ce qui fera la perte de la prochaine (couloir 6 comme la sixième roue du carrosse), et c’est ce qui sera l’enjeu de la suivante, cette 7, comme les sept doigts de la main, les sept sens, les sept points cardinaux !

De l’individu au groupe

Puisque l’individu a besoin d’un groupe au sein duquel s’épanouir, il est « naturel » que ledit individu souhaite que le groupe en question se concentre sur son épanouissement personnel. Il va de soi que de tels groupes, au service d’un seul individu, voire d’une poignée d’entre eux, a existé, existe encore et continuera d’exister tant que la majorité d’entre nous n’apprendra pas à dire : Non ! Stop ! Ça suffit ! Les totalitaires on les enterre !

À la racine d’une dictature, on trouve toujours le produit de la peur multilpliée par le silence, la peur et le silence étant les puissances résultantes d’un enseignement nihiliste et autoritaire, le tout fortement divisé par les zéros issus de logarithmes scolaires plus népotistes que népériens !

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Du groupe à l’individu

Contrairement à ce que pense les faux démocrates qui se croient libéraux, le groupe, la collectivité, l’ensemble des citoyens, ne sont pas des gros mots. Ce ne sont que les évolutions sémantiques des archaïques et fondatrices tribus. Ce ne sont pas des hominidés esseulés qui ont écumé le monde et fondé des civilisations de toute espèce après être descendu des arbres. Ce sont des groupes humains qui ont appris, au fil du temps, à adapter leur vie commune aux conditions extérieures pour justement pérenniser la vie de leur groupe.

Évidemment, s’ils avaient pu prévoir qu’ils allaient finalement engendrer des Jean-François Copé et des « manifs pour tous », peut-être seraient-ils sagement restés à s’épouiller les dessous de bras, bien calés sur la robuste branche maîtresse d’un ébène flamboyant…

Un groupe se nourrit exclusivement de l’énergie (de l’amour ?) que les individus du groupe lui consacrent. En retour, un groupe doit former sans entraver, encourager sans déifier, punir sans exclure.

Représentation

Plus un groupe compte d’individus, seraient-ils tous de bonne volonté, il devient à un moment donné impossible de donner la parole à tout le monde. Si des groupes de quelques dizaines de personnes peuvent avoir le temps et l’énergie pour écouter chaque individu du groupe donner son avis et faire sa proposition, ce système est juste impossible dès que le groupe possède des centaines, des milliers, des millions d’individus.

Une solution (certains animaux sociaux comme les loups y ont recours) est de limiter le nombre d’individus dans un groupe et de forcer les individus surnuméraires à partir fonder leurs propres groupes. Il n’est pas impossible d’ailleurs que les premiers groupes humains ont fonctionné de cette façon, étendant ainsi rapidement leur présence sur de vastes territoires. En dehors du cas particulier des enfants majeurs quittant le nid familial, cette solution n’est plus guère appliquée puisque des petits malins ont compris qu’il valait mieux un grand groupe soumis plutôt que de petits groupes concurrents. Il va donc falloir procéder autrement.

Une autre solution, largement répandue mais utilisée de diverses manières, est d’élire des représentants. Et de veiller, ce qui n’a jamais été fait en France (et très peu ailleurs), à ce que ces représentants ne soient que des portes-paroles provisoires et ne s’érigent pas en dynastie confiscatoire des souhaits et désirs de chacun.

Les représentants doivent impérativement passer du statut de roitelets à celui de serviteurs.

Élections

La technologie aidant — rappel : la technologie est la raison d’être de l’humanité — il devient impératif de mettre au point des votes électroniques à la condition sine qua non de recourir exclusivement à des logiciels libres dont les codes, consultables par tous, seront enseignés pour en assurer la pérennité, la sécurité et l’optimisation. Le code informatique nécessaire sera d’ailleurs intégré dans le Code Électoral et constitutionnalisé pour, peu à peu, s’étendre à tous les processus administratifs de l’autorité publique puisque les logiciels libres sont seuls capables de garantir l’intégrité des procédures comptables des votes de par leur nature transparente et publique.

C’est comme un vote à main levée, les yeux bandés (secret de l’isoloir), mais avec des bits… En conséquence de quoi, je te propose de réfléchir sur ce qui suit :

  • le droit de vote est étendu à tous les résidents permanents âgés de (environ) seize ans ou plus ;
  • tout résident permanent âgé de (environ) seize ans ou plus peut se présenter pour tout type de mandat ;
  • les mandats « locaux » (maire, député, conseiller régional) ne sont accessibles qu’aux résidents locaux permanents ;
  • les mandats nationaux ou internationaux (président, sénateur, député européen) sont accessibles à tous ;
  • aucun cumul de mandat n’est possible en aucun cas ;
  • aucun mandat n’est renouvelable plus de ??? fois (deux ou trois fois mais il faut absolument une limite faible pour éviter tout risque dynastique) ;
  • tout élu peut être révoqué en cours de mandat (incompétence, abus de pouvoir, vol, viol, mensonge, affairisme, …) ;
  • aucune famille (parents, enfants, grands-parents, cousins directs) ne peut avoir plus d’un élu en même temps ;
  • la rémunération d’un élu (si rémunération il devait y avoir) ne doit être ni supérieure ni inférieure au salaire minimum local ;
  • pendant le temps de son mandat, un élu pourra être logé et nourri par la collectivité ;
  • les élus effectuent tous leurs déplacements en transport collectif payé par la collectivité ;
  • une fois le mandat terminé, merci, bonsoir, vous pouvez reprendre une vie normale ;
  • avoir été élu ne donne aucun droit supplémentaire en terme de chômage, de retraite, de médaille, de rab de dessert à la cantine, de plaque de rue enlaidie à son nom ou de place VIP au Parc des Princes ;
  • tout élu convaincu d’avoir « piqué dans la caisse » (de 1 centime à 156 milliards d’euros car c’est le geste qui est répréhensible, pas la somme) est inéligible à vie et condamné à rembourser après avoir été promené nu et couvert de miel dans toutes les fosses aux ours du pays.

En bref, être élu, devrait simplement être une charge citoyenne supplémentaire limitée dans le temps : les mêmes droits tout le temps mais des devoirs en plus pendant cette limite de temps.

Tout ça demanderait bien sûr à être détaillé, expliqué, justifié (ce que je ferais peut-être une prochaine fois) mais tu saisis l’idée : limiter considérablement (les annihilera-t-on jamais ?) les dérives monarchiques et putassières qui conduisent inexorablement les individus d’un même groupe à la jalousie, à la haine, à la violence, aux affrontements et aux ruptures des stocks de sparadrap et de cercueils.

Encore une fois, ceci n’a d’intérêt que comme base de réflexion et seulement dans le cas où tu ne serais pas satisfaite de ton actuelle démocratie qui ressemble quand même d’assez près à un cadavre fraîchement mâché par des charognards compulsifs qui laisseraient, par jeu, s’agiter dans le vent des lanières de chairs roses, comme des drapeaux qui feraient croire, de loin, à la présence d’une vie pétulante et gaillarde.

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