Le monde est en train de changer (de structure, pas de mentalité, mutatis mutandis) et nous avons la chance, au moins le privilège, à défaut d’y participer activement, d’y assister depuis les premières loges.
Ce n’est pas forcément une place privilégiée car les dégâts vont être considérables. Non pas à cause d’une recrudescence dans la violence physique — bien qu’elle sera présente à tous les niveaux — mais à cause de notre incapacité globale à appréhender ces changements. La seule chose que l’on sait — et encore le sait-on instinctivement, viscéralement même — est qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Nous disons adieu à ce monde et entrons dans l’inconnu. Brrrrr, ça fait peur !
En dehors des horreurs perpétrées par les psychopathes qui se réclament de l’islam et qui finiront par rallier à leurs saloperies les autres psychopates se réclamant des autres religions, qu’elles soient ou non monothéistes — longtemps j’ai pensé que monothéiste désignait la personne qui se contentait d’une seule variété de thé et je comprenais alors sa vision erronnée du monde puisque seule la diversité en toute chose peut nous y aider — en dehors de ces horreurs, donc, qui n’ont comme véritables conséquences globales que de rassurer les journaux quant à leur (dé)mission d’information, un des symboles de ce changement de civilisation se trouvent dans les dernières manifestations des taxis parisiens. Manifestations qui ont tout d’une fin de règne pour laquelle, comme pour toutes les fins de règne, le désespoir et l’incompréhension sont les marques les plus flagrantes.
Je ne vais évidemment pas défendre les méthodes néo-esclavagistes de l’entreprise américaine, cible de l’ire de nos cochers urbains. Ces méthodes sont pourtant intéressantes parce qu’elles se positionnent crûment sur le premier des deux enjeux du changement de civilisation en cours :
- plus d’égoïsme au sein de collectivités de plus en plus virtuelles ;
- plus de solidarité au sein de collectivités de plus en plus autoritaires.
Les deux ne sont pas incompatibles et nourriront mutuellement leur agressivité réciproque. Les collectivités virtuelles (essentiellement les nouveaux espaces urbains en cours de gigantisation) vont avoir un problème majeur à régler : assurer le transport rapide, immédiat et simultané (cependant pas encore instantané, la téléportation n’est pas pour tout de suite) de dizaines de millions de personnes qui, malgré leur hyper-connectivité — ou à cause de celle-ci — seront en mobilité quasi constante. Il est clair que la caste actuelle des taxis ne pourra assurer ce service, elle qui a déjà du mal à répondre positivement à des demandes autrement plus simplettes même si certains d’entre eux, et probablement la majorité d’entre eux, font correctement leur boulot.
Des articles commencent à fleurir dans la presse en ligne sur l’« uberisation » du monde. À savoir le remplacement d’une société organisée autour du travail à long terme par une société qui privilégiera le « one shot ». Gageons que, comme dans les années 80 qui ont vu une inflation d’entreprises dont le patronyme comportait le mot « euro » — une boîte de dératisation qui ne bossait que dans sa région avait même choisi ce nom fabuleux d’Eurocafard ! — beaucoup des entreprises à venir se nommeront, marketing oblige, sur des sonorités proches d’« uber ».
Afin d’aider ces jeunes pousses à s’insérer plus rapidement dans la société du futur, voici quelques suggestions de naming et les idées d’applications qui vont avec. À commencer par la plus utile d’entre toutes :
- u-beer : livraison instantanée de bières fraîches !
Puis :
- u-berbère : un couscous, là, tout de suite, maintenant !
- u-bert-félix : fredonnage immédiat d’une chanson de Thiéfaine ;
- i-bère : confection immédiate de paëllas ;
- i-bernation-pop : prescription immédiate de cure de sommeil ;
- cer-bère : descente immédiate aux enfers, tous frais payés ;
- réver-bère : pour les envies pressantes du chien-chien ;
- prépu-bère : pour les détournements de mineurs dans les publicités ;
- camem-bert : l’appli codée à la louche ;
Une petite dernière pour finir :
Puisqu’à chaque fin d’un monde il faut bien faire un bilan raisonné de ce qu’on laisse en matière d’arts et de sciences.
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