La révolution ne sera pas télévisée

Référence au superbe titre « The Revolution Will Not Be Televised » de Gil Scott-Heron.

Or donc, pendant ce temps-là, les journaux, en ondes, en ligne ou en papier, continuent d’abreuver des cerveaux de moins en moins disponibles — plus par fatigue que par réflexion — de désastres, de voyances, de catastrophes, de tristes proses, de vidéos mal ficelées, de photographies rafistolées, de tout puis de son contraire parfois dans la même phrase, de vérités du jour qui seront les mensonges de demain, de flashes sans sommation sur les nights d’une peopoule-aux-œufs-d’or, d’entrefilets obscurs sur des négociations à peine moins transparentes entre telle dictature en place et telle dictature en devenir, d’entrevues sibyllines de personnes sans personnalité discourant sur quelque personne alitée, de suppositions sur d’hypothétiques possibilités d’une plausible indécision autour du calibrage des cucurbitacées issues de l’agriculture biologique — il faudra qu’un jour on m’explique comment la culture ou l’élevage d’êtres vivants pourrait ne pas être biologique — eu égard aux prévisions statistiques sur le dimorphisme aléatoire des chenilles parasitant lesdites cucurbitacées, chenilles venues d’on ne sait où mais sûrement par avion, à moins qu’elles ne soient arrivées à pied par la Chine, à condition, bien sûr, que les résultats sportifs du week-end ne prennent pas trop de place, ce qui, en France, arrive peu souvent, les derniers grands exploits sportifs français remontant aux siècles derniers — et ceux qui m’objecteront les performances, réelles, des nageurs et nageuses de notre beau pays, je rappelle que j’ai écrit « sportifs » et pas « pharmaceutiques » !

Nul doute que cette avalanche de non-évènements joue un rôle diversionnel et/ou cathartique et permet à la majeure partie de la population de ne pas se poser trop de questions et, partant, de ne pas trop se rebeller… Encore qu’on a rarement vu des moutons se rebeller contre leur berger, des poules contre le renard, des moules contre l’ermite-bernard, la foule contre le traquenard, la houle contre le cagnard, la soul contre le jazz anar, ou la boue de La Bourboule contre les bouts de boules des vieillards…

Bref, la prise de conscience massive menant à la révolution — j’insiste sur massive, on ne fait pas, on ne devrait pas faire la révolution pour soi seul — n’est pas pour demain —  ô toi le camarade resté en rade sur le côté de la parade qui mène à Stalingrad — et ce n’est peut-être pas plus mal si l’on considère l’histoire des révolutions et ce qui en a découlé, à l’exception, peut-être et de manière totalement symbolique, de celle de 1789 qui a au moins eu le mérite d’être déroitisante, même si en étêtant ce couillon de louis seize, ce n’est que son crâne que l’on a séparé de son corps, oubliant l’essentiel qui était de se défaire de l’esprit monarchique, ce putain d’esprit élitiste et corporatiste qui pollue encore aujourd’hui l’essentiel des rouages de l’État.

Or donc, pendant ce temps-là, un certain Cahuzac, paraît-il socialiste, ce que j’ai du mal à croire, s’est largement servi dans les caisses publiques en ne déclarant pas certains de ses gros revenus — ce qui revient purement et simplement à du vol — puis, tant qu’à être un immonde salaud autant être un putain de fils de pute, et je m’excuse sincèrement auprès des putes et de leur descendance, s’en est allé planquer son magot en Suisse, ce doux pays si tranquille qui ne vit, depuis la fondation de sa confédération, que sur l’argent des mafias et de leurs trafics en tout genre, drogues, armes, pillages, femmes, enfants, animaux, organes, etc.

Évidemment depuis l’annonce de son forfait, ce salopard croupi au fond d’un cachot comme le premier petit dealer ve… Ha, non ! On est en France, au royaume des élites corrompues, et ce connard se promène tranquillement sur le marché de la ville dont il fut l’élu en se demandant s’il ne devrait pas se représenter…

De fait, il ne se représente pas, et la circonscription va bientôt hériter d’un député FN ou UMP, ce qui revient au même… Bon, les mauvaises langues diront que ça aurait pu être pire : ce nouveau député aurait pu être un socialiste issu de l’entourage local du connard en question, et donc bonjour la crédibilité ! Ce qui n’est pas complètement faux…

Mais afin que la morale républicaine soit sauve, il convient de noter que le parti socialiste n’est pas le seul à abriter une brebis galeuse (et je ne peux que fournir des bribes d’excuses auprès des brebis, qu’elles soient galloises ou autres). Il se trouve que dans l’entourage de Saint-Innocent, plus connu sous le pseudonyme de Nicolas Sarkozy, rôdait une bête immonde du nom de Claude Guéant, responsable à lui seul de moult forfaitures dont :

  • le vol d’un tableau offert à la République et gardé par lui ;
  • le vol des primes en liquide destinées aux fonctionnaires de police ;
  • le recel de sommes corruptives en provenance de Lybie via la Malaisie et une incroyable histoire de croûte revendue à prix d’or ;
  • l’élaboration de l’abracadabrantesque arbitrage qui permit à l’angelot Bernard Tapie de recevoir de l’État des sommes faramineuses, lesquelles, très certainement, ne pouvaient de toute façon pas être utiles ailleurs…

Fort heureusement, ce triste individu qui a sali l’esprit républicain est aujourd’hui hors d’état de nui… Ha, non ! On est en France, au royaume des élites corrompues, et ce connard peut continuer à parader allègrement dans les couloirs de l’Assemblée…

Et puisqu’on parle d’escroquerie et de Tapie — tu imagines entendre parler de prohibition sans ouïr une seule fois le nom de Capone ? — j’entends à l’instant à la radio (FIP, 11h50, ce 16 juin 2013), que le PDG d’Orange, qui fut à l’époque du fameux arbitrage, directeur de cabinet de la ministre du budget de Saint-Innocent — il faudra qu’un jour on m’explique pourquoi les ministres ont besoin d’être dirigés aux toilettes… — vient de se voir confirmé à son poste de PDG par l’actuel ministre des toilettes finances, appuyé en cela par le chef de l’état dans lequel vous l’avez trouvé en entrant, tous deux, parait-il, socialistes, ce que j’ai beaucoup de mal à croire, nonobstant sa participation avérée à cette arnaque titanesque et qui a déjà valu à deux de ses compères une mise en examen pour escroquerie en bande organisée !

Il est vrai qu’on est en France, etc, etc… tu connais désormais la suite.

C’est peut-être ce qui fait que l’humoriste Jamel Debbouzze s’était permis une blagounette sympa en comparant Nicolas Sarkozy à Jo Dalton, pour, malheureusement, aussitôt s’en excuser… Tu vieillis, Djamel… Personnellement, je me serais plutôt excusé auprès de Jo Dalton !

Pour finir sur une note d’humour, parlons sport. Non, pas football : sport.

Encore que tous les sports tendent à se vicier à l’instar du foot que j’aimais tant et que je ne surveille plus que de loin en loin. D’autant que l’anomalie monégasque est de retour. Bah oui, on est en France, cette république irréprochable qui accueille dans son beau championnat à la fiscalité si intransigeante, l’équipe de Suisse-sur-mer…

Si bien que le championnat de France, qui sera malgré tout toujours aussi suivi par les régio-nationalistes de tout poil et ce bien que les joueurs, les présidents, les entraîneurs, et les sponsors soient quasiment tous de vilains barbares ayant réussi à se faufiler là même où le nuage radioactif de Tchernobyl s’était vu éliminer, ce championnat, donc, va s’avérer être une confrontation entre l’argent sans limite de la démocratie familiale du Qatar-PSG — la démocratie c’est que des mots crasseux — et celui presque aussi abondant de l’oligarque russe de l’AS Monaco — je ne me souviens plus de son nom et j’ai la flemme de chercher dans la base de données du casier judiciaire russe…

En attendant, peut-être, que l’OM soit racheté par Guéant ou Cahuzac ?

Mais il y a plus drôle. Ça s’en va et ça revient comme un gag tous les ans à pareille époque : la possible victoire d’un français à Roland-Garros.

Pourquoi tu ris ? Allez, je te laisse deux minutes pour reprendre ton souffle. C’est bon ?

Déjà, en terme de citoyenneté assumée, il y a assez peu de français et de françaises sur les courts, la plupart d’entre eux préférant travailler un vice à la Cahuzac plutôt qu’un service à la Ion Tiriac. Et vu leur niveau général, un quart de finale serait déjà un exploit… Mais non, la presse préfère voir en eux des vainqueurs potentiels — « faut vendre du papier aux directeurs de cabinets, coco » — à l’image du pauvre Tsonga, tombeur d’un Federer fatigué que, ce jour-là, n’importe qui (sauf moi) aurait battu. Et comme tous les ans, le pauvre Jo est redevenu, le temps de trois sets comme autant d’illusions, le futur Yannick Noah… Le match suivant, qu’on décrira généreusement comme une déculottée monstrueuse administrée par un David Ferrer de haut niveau sans être toutefois exceptionnel, confirmera s’il en était besoin, le haut niveau de sérieux et d’intelligence de la presse sportive française.

Si, au hasard d’une grille de mots croisés tu rencontres la définition : Ni l’un, ni l’autre, n’hésite pas à proposer : journaliste sportif.

J’aurais aussi pu te parler du Mediator et de l’humanité qui transpire dans chaque phrase des avocats des Laboratoires Servier, le laboratoire dont la conduite est aussi propre que le siphon de vidange de l’évier d’un cabinet ministériel. J’aurais pu évoquer la gestion de la crise par les imbéciles auto-proclamés heureux de la Commission de Bruxelles et qui, sur cette histoire comme sur tant d’autres, sont à nouveau dans les choux — qu’on harcèle de cailloux l’arrière des genoux de ces funestes poux ! J’aurais pu…

Mais ce sera tout pour aujourd’hui ! Fais de beaux rêves…

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