Le futur est une blague, il ne fait que passer

Il y a eu un début. Laborieux. Il y a eu une longue pause. Involontaire. Il y eut une renaissance. Circonstancielle. Puis un faux rythme indolent à peine entrecoupé par d’insuffisants sursauts de vie. Un rythme que j’aurais pu tenir ad vitam. À un quart d’heure près. Mais je préfère mourir de mon vivant et espérer renaître des quelques cendres que je trouverai disséminées sur les chemins comme les cailloux rénaux d’un Petit Poucet ivre !

Il y a eu un début. Il fallait bien qu’il y ait une fin.

La première fin de ce brave Cynozophrène qui à la base n’avait rien demandé à personne. Tranquillement perché sur son mur, il contemplait placide — tel un bouddha de crocs, rigolard et sarcastique — les imbéciles et les badauds qui empruntaient la rue. La plupart ne le voyaient même pas. Ils regardaient juste le dessin sur le mur. Ils faisaient une photo. Un one shot aussitôt oublié. Je m’arrêtai souvent pour le contempler. Assez pour remarquer que derrière la peinture il y avait ce fameux regard de chien abandonné. Ce miroir. Je l’ai pris avec moi et lui ai offert une chambre avec vue sur le grand Internet.

Cette première fin —  car il y en aura sûrement d’autres — n’est ni triste, ni dommageable. De toute façon, personne ne s’en apercevra puisque même les fantômes ont déserté ce blog. Ce qui tombe plutôt bien : j’ai besoin de souffler. Besoin d’arrêter de ne parler qu’au vent. D’autant que le vent a tourné.

Si tu te rappelles de l’histoire, je me suis remis à écrire quand j’ai senti un courant d’air aguicheur me proposer de le suivre sur les sentiers alors peu fréquentés de la déconstruction des causes. La révolution, c’est bien, c’est cool, c’est festif, ça oblige à faire un peu de ménage : les murs tombent, les têtes aussi, les illusions avec… Mais après ?

Après, il n’y a rien. Jamais rien. Ou toujours rien, comme tu veux.

Et là tu vas me dire : Hé, mais non, mais y’a plein de projets ! Plein de projets, oui. Trop de projets surtout. Des projets bleus contre des projets rouges. Des projets verts contre des projets bleus. Des projets verts et rouges contre des projets rouges et verts. Des projets bleus foncés contre des projets un peu moins bleus mais beaucoup plus foncés. Des projets noirs contre tous les projets. Des contre-projets incolores, des sous-projets inodores, des embryons de projets qui meurent avant de naître, des projets oubliés, des projets jamais imaginés, des projets remis au goût du jour (avec frites en supplément mais sans frite), des ateliers de projets où se fabriquent des projets en projet ! Des slogans, de la comm’, des images, des masques, du vent, du vide, de la lumière atone irrémédiablement froide.

Je n’ai plus envie de jouer. J’ai d’autres projets.

Qui ne te seront pas communiqués ultérieurement. Mais que tu verras peut-être s’envoler furtivement comme de grandes boréales aux yeux vides dans le vent froid et anonyme d’une connexion aléatoire.

En clair (je te vois te gratter la tête…), ce blog s’arrête dans sa formule actuelle qui ne me satisfait plus et reprendra un jour — ou peut-être une nuit — paré de nouveaux atours, de nouvelles ambitions mais surtout de nouveaux textes avec plein de ceci et tout plein de cela !

En attendant que cette première fin se termine, patiente en mettant tes oreilles là-dessus :

♬  The Beatles (The End)
♬  The Doors (This Is The End)
♬  Eddie & the Hot Rods (Beginning Of The End)
♬  The Bellrays (Beginning From The End)

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